Avec le développement des civilisations et les vagues successives de croissance démographique, la forêt a connu, déjà durant l’antiquité, des excès d’exploitation qui ont pu la mettre en péril. En Europe, dès le Moyen Âge, on a cherché à instituer une réglementation visant à éviter les abus et la reconstitution des forêts a été encouragée. Ainsi naquit la sylviculture ( de silva, forêt ).
L‘exploitation des forêts en Europe fut très active,
très tôt : constructions, fabrication en masse de charbon
de bois, pacage des porcs sous les chênes, pâturage, affouragement
ont menacé la permanence des ressources en bois. Cette menace
de pénurie stimula les premières pratiques de culture
de la forêt.
Ainsi peu à peu, furent instituées des règles
de gestion qui consistent à équilibrer la quantité de
bois coupée au cours d’une année, avec la quantité de
bois produite dans le même temps par les arbres sur pied. Telle
est l’origine de la culture des forêts en tant que ressource
naturelle renouvelable.
Dès l’aube du Moyen-Âge, s’est dessiné un
véritable savoir forestier. L’Europe a été le
berceau de la sylviculture avant que sa science essaime aux confins
du monde entier. Les Européens ont, les premiers, substitué à l’exploitation
sans contrôle des forêts jusqu’à épuisement
total des ressources, une gestion patrimoniale qui s’efforçait
de préserver le capital exploité. En France, les ordonnances de Colbert au XVIIe siècle veillaient à assurer
la continuité de la production en grumes (troncs) de chênes
qui étaient nécessaires aux mâts et aux structures
des navires. En Angleterre, dès 1608, un recensement des chênes était
réalisé dans la New Forest, au sud du pays, afin de mieux
suivre leur exploitation.
Dès la même époque, des expéditions s’intéressèrent
aux possibilités d’acclimater en Europe pour la marine,
la construction et l’ornement, des essences du Moyen Orient (le
noyer du Moyen Orient…) puis, plus tard, d’Amérique
(le tulipier de Virginie, le Robinier…). En Angleterre encore,
John Evelyn publia en 1662 un inventaire des arbres et fut chargé par
la Royal Society de faire des conférences sur la culture des
arbres.
Au XIXe siècle, de nouvelles menaces pesèrent à la
fois sur les forêts européennes et sur celles d’Amérique
du Nord. En Europe, la révolution industrielle, ses maîtres
de forge et les progrès démographiques, dévoraient
les forêts pour alimenter hauts fourneaux et cheminées
domestiques. C’est l’usage du charbon qui sauva la forêt, aidé par
un renouveau des administrations forestières ; celles-ci s’employèrent à reconquérir,
dès qu’elles le purent, les surfaces agricoles abandonnées
par l’exode rural. Partout en Europe, particulièrement
en France, en Angleterre, en Allemagne, plus récemment en Espagne,
au Portugal furent peu à peu constituées de vastes forêts
nouvelles.